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Fillette noyée dans la Deûle: le portrait d'une mère entre «ange et démon»

Publié : 3 novembre 2015 à 6h42 par La rédaction

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Des gendarmes cherchent le corps de la petite fille dans la Deûle, en 2013 (Photo AFP)


Accusée d'avoir jeté sa fille de près de 3 ans dans la Deûle, en août 2013, à Lille, la personnalité de la mère a été passée au crible, en ce troisième jour de son procès pour infanticide aux assises du Nord, à Douai. L'expert psychologue a dressé, ce lundi, le portrait d'une femme entre «ange» et «démon». «Elle a un visage angélique, elle peut sourire, puis trois minutes après, elle peut devenir démoniaque», a affirmé cet expert à la barre. Estelle Derieux souffre «d'une problématique bipolaire de la personnalité. Ange ou démon?», a-t-il questionné.

«Quand on a à faire à un fonctionnement bipolaire, l'entourage est responsable de très peu de chose (...) L'élément principal responsable de la mort de la fillette est Estelle Derieux», a-t-il encore affirmé, alors que la mère accuse depuis le début de l'enquête les services sociaux, qui «voulait lui prendre sa fille».

Et d'enfoncer le clou sur «ce fonctionnement paranoïaque»: «Elle était de plus en plus persuadée qu'on la persécutait, elle avait mis en place un huis clos avec sa fille (...) et la mort de Mandolina devenait inéluctable», a-t-il conclu, tout en signalant un «niveau intellectuel important» de la mère.

Estelle Derieux, brune au cheveux court, comparaît depuis jeudi pour le meurtre avec préméditation de sa fille de 2 ans et 11 mois, qu'elle avait avoué avoir glissé dans un sac plastique, puis jeté dans la Deûle en août 2013 à Lille. La mère a même avoué que sa fille lui a glissé ces mots au moment de fermer le sac: "Non, maman, câlin". Mais celà n'a rien changé.

"Non, maman, câlin"
 

Lundi matin, au troisième jour du procès, les employés d'une crèche fréquentée par la petite Mandolina à Fourmies ont eux aussi témoigné à charge contre la mère, évoquant des «traces de violences» sur Mandolina et un manque d'hygiène apparent avec «des traces de crasse» sur la fillette.

Témoignage «excessif», a riposté la mère de l'accusée, Annie Derieux, assurant «n'avoir jamais constaté cela». Aux côtés de la tante et de la s-ur de l'accusée, elles se sont relayées à la barre sans quasiment évoquer Mandolina, poussant l'avocate de l'association d'aide à l'enfance la Voix de l'enfant, Me Sylvie Fenart, partie civile, à qualifier l'audience de «déroutante».

«J'ai peur d'Estelle» La s-ur ainée de l'accusée
 

«On a l'impression que cette fillette a servi de thérapie à la famille (...) tout le monde nous dit que tout va mieux dans la famille, mais la petite fille est totalement oubliée!», a stigmatisé l'avocate à l'AFP. «Tous les procès sont insoutenables, mais là, pour moi, c'est une immense colère, parce qu'on aurait pu éviter cela (...) il y avait des grands signes que l'enfant était en danger», a-t-elle dénoncé.

La mère d'Estelle a néanmoins tenté d'expliquer le geste de sa fille: «Ma chérie, si tu m'entends, je voulais te demander pardon, parce que je pense que je ne t'ai pas donné la joie et la confiance dont tu avais besoin pour te lancer dans la vie», a dit Annie Derieux à sa fille. «Quel gâchis!», lui a alors lancé l'avocat de la défense, à la fin de son témoignage, «Oui, je l'ai déjà dit», lui a répondu la mère.

«J'ai peur d'Estelle», a de son côté déclaré sa s-ur ainée. Et d'évoquer «les dizaines de claques» que lui aurait portées sa s-ur, relatant également qu'Estelle aurait aussi frappé ses parents. «Décrivez-nous Estelle», lui demande la présidente. «Solitaire (...) mais j'ai du mal à la cerner, à part le mot �Ssolitaire⬝, je n'ai pas d'autres mots, c'est une personne assez confuse, j'arrive pas à dire quelle personnalité je peux lui donner», a-t-elle répondu.

Le père de Mandolina, un homme placé sous tutelle, n'a jamais reconnu la fillette. Il a rencontré Estelle Derieux sur internet et dit qu'elle le «martyrisait». «Elle profitait que j'étais handicapé pour profiter de moi», a-t-il dit avant d'ajouter: «Il vaut mieux être seul que mal accompagné» et de demander une photo de sa fille, qu'il n'a jamais vue, «pour faire le deuil». Le procès doit se tenir jusqu'au 4 novembre.